M'Hamed Kerrouche, ce photographe né le 18 juillet 1969 à Alger, n'a jamais cherché les sujets à la mode mais ceux qui l'expriment lui-même. Il a certes pratiqué tous les genres, ou presque, car il a travaillé dans la presse écrite et couvert des événements sociaux, sportifs, politiques, sécuritaires… Ses photos étaient publiées dans
L'Opinion, La Tribune, L'Authentique et El-Acil, pour ne citer que les titres les plus importants. Dans Tassili magazine, il a révélé son talent d'artiste en montrant les facettes touristiques, paysagères, culturelles, sociologiques et ethnographiques de l'Algérie. La mer et le Sahara le fascinent : de la première, il aime surtout ses rochers, ses îles et ses falaises. Et le désert l'attire par son immensité et la diversité de ses sables et ses roches.
Un photographe est un peu comme un nomade. Un peu comme ces Touaregs qui savent vous renseigner sur le moindre détail de leur grand Sahara. Il doit savoir regarder les petites choses qui permettent de restituer l'essentiel. Car il suffit d'une « guelta », d'un oued, d'un chott ou d'une sebkha pour que foisonnent plantes et oiseaux… Des flamands roses au beau milieu du Sahara, qui l'eût cru ?
Les voilà, nonchalants, roses, traînant la patte, ou en équilibre précaire sur un seul membre, ces oiseaux qui ont fait des milliers de kilomètres pour séjourner dans le désert ! D'autres volatiles, d'autres animaux séduiront le photographe, et il les cherchera sur tout le territoire national.
La nature est désormais le principal centre d'intérêt de ce photographe qui est conscient des menaces qui pèsent sur l'environnement. Sachant l'impossibilité de tout saisir, il a donc choisi de travailler sur les zones humides, comme axe prioritaire. Ces lacs, ces marais, ces sebkhas et ces chotts sont assez nombreux
en Algérie ; et Kerrouche nous en révèle la beauté et la diversité à travers les lignes d'un oiseau ou les glyphes d'une plante, à travers un couché de soleil ou le friselis de l'eau lorsque le vent la caresse.
Kerrouche n'est pas un spécialiste de la nature mais sa passion en fait un témoin privilégié, comme le montre d'ailleurs cet ouvrage qui présente des sites de Tlemcen, Oran, Aïn Temouchent, M'Sila, Oum Bouaghi, Constantine, Sétif, Tipasa, Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Annaba, Taref, El Kala, Tamanrasset,
Touggourt, Ouargla, Aïn Sefra et El Goléa. Est artiste ce photographe qui dit le visible avec une touche de tendresse et de sensibilité. Est poète, ce capteur d'images qui sait rendre la majesté d'une cigogne, d'une bécasse ou d'un cormoran.
« Algérie, littoral et zones humides » On dit du littoral algérien que c’est un balcon montagneux sur la mer méditerranée. Littoral d’une longueur de 1622 km, de surcroit jalonnée d’iles, d’ilots, de zones humides, de phares, écrins de biodiversité d’une rare richesse, sans doute uniques au monde. Très peu de territoires présentent cette caractéristique. Et, bien sur, l’Algérie en a bien d’autres qui sont autant d’atouts : force de ses couleurs paysagères, diversité de sa belle nature profondément sauvage, prodigieux concentré de flore et de faune marines, qu’elles soient classées ou non au patrimoine mondial de l’humanité. Pour tou...